Article de fond

Quel outil pour développer mon webdoc ?

Fin 2012, je présentais mon mémoire de fin d’études en Master 2 Systèmes d’Informations et Technologies Nouvelles à Paris-Dauphine. Son sujet : « La place du webdocumentaire dans l’évolution des usages et des nouvelles technologies. » A l’époque, j’avais créé cette infographie pour proposer un outil de développement de webdocumentaire selon le besoin.

Aujourd’hui, les outils ont chacun évolué, mais les grands noms sont restés les mêmes (hormis Djehouti, qui ne faisait pas parti de l’infographie).

Quel est votre avis sur ce schéma ? Est-il, selon vous, toujours d’actualité ? Toujours utile ?

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Distribuer son court-métrage : mode d’emploi

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Cela fait maintenant 3 ans que j’ai le nez dans la distribution de court-métrage en festivals. D’abord avec mon premier court-métrage, La Quatorzième, distribué en 2011-2012 (environ 150 envois, 18 sélections), puis avec mon second, 8 mois, en distribution depuis 2013 (environ 150 envois à ce jour, 25 sélections, 5 prix).

Mon objectif, à travers cet article, est davantage de partager mon expérience, mes outils, d’en discuter. Je suis certains qu’il y a des choses à améliorer. Aussi, cet article s’adresse davantage au producteur / réalisateur indépendant un peu fauché qui distribue son film dans son coin, que la boite de prod bien ficelée.

Alors, comment distribuer son court-métrage dans son coin ?

La feuille Excel, indispensable

On le verra par la suite, les festivals ont plusieurs points d’entrées, les plateformes d’inscriptions poussent comme des champignons. Il est primordial de suivre les envois que l’on a effectué, de les noter, pour ne pas avoir à l’envoyer deux fois sur deux plateformes différentes. Voici les différentes colonnes de ma feuille Excel :

Festival Pays Deadline Inscription en ligne / fiche remplie DVD Envoyé Reçu Réponse Sélection Récompense Lien Coût d‘envoi

Il est toujours utile de noter la deadline du festival, car il est souvent le même chaque année, ce qui permet de revenir sur une longue liste d’envoi pour la distribution d’un nouveau film. Il est également intéressant de noter les refus pour évaluer le ratio sélection / refus et avoir une idée du succès du film en festivals. Enfin, le coût d’envoi, élémentaire pour gérer son budget et évaluer le coût global de la distribution.

Stratégie : première phase

Quand il s’agit d’opter pour une stratégie de distribution, la question qui brûle les lèvres est souvent « Par où commencer ? »

Dans le milieu de la distribution professionnelle, il est d’usage de consacrer les 6 premiers mois (voir la première année) aux festivals de Catégorie 1 (Cannes, Berlin..) qui, pour la plupart, acceptent votre film seulement pour une première mondiale / européenne / continentale et sont souvent payants (à hauteur de 40-60 euros).

Donc est-ce que ça vaut le coup d’y consacrer un budget conséquent lorsqu’on est (ultra) indépendant ?

Pour moi, la réponse est non. La sélection dans ces festivals jouent principalement sur 4 critères : le cv de la prod, le cv du réalisateur, le financement du film (« gage » de qualité selon certains) et, enfin, la qualité du film. Il est donc difficile de s’en sortir sans un minimum de lobbying, selon moi. Néanmoins, il est intéressant de tenter ceux qui sont gratuits, et d’avoir une idée de ces festivals.

Pour celà, Unifrance et le CNC fournissent une bonne documentation :

Descriptif du Prix de Qualité du CNC, avec une liste de festivals

Planning d’inscription d’Unifrance

Calendrier des festivals internationaux d’Unifrance

Une fois cette première phase passée (ou zappée), vient la seconde. C’est là qu’il faut s’armer de patience (et de temps).

Stratégie : deuxième phase

Si on jette un rapide coup d’oeil aux différentes sites / méthodes que j’ai utilisé pour distribuer mes deux films, on peut noter l’explosion des plateformes numériques et de leur efficacité. La distribution par courrier (majoritaire pour « La Quatorzième ») est devenue anecdotique pour « 8 mois » :

 

Film Fest Platform & Short Film Depot, le duo gagnant pour les festivals français

  Les deux plateformes Film Fest Platform et Short Film Depot, tous deux français, sont devenus indispensables pour une distribution efficace sur le sol français. Les plus gros festivals (et les moins gros) passent par ces plateformes : Clermont-Ferrand, Aubagne, entre autres.   Short Film Depot permet depuis peu d’uploader son film et de l’envoyer en ligne, mais pas Film Fest Platform, qui en est toujours au courrier / DVD.  

La guerre des plateformes internationales

Concernant la distribution internationale, on est confronté à énormément de plateformes et j’en vois de nouveaux très fréquemment, à croire que c’est une incroyable manne financière (à méditer…). J’ai eu l’occasion de tester un grand nombre : Reelport, Festhome, Withoutabox, Movibeta, Film Festival Life, Festival Focus, Short Film Central, et je ne parle pas des festivals avec leur sites dédiés.Au fur et à mesure de mon utilisation, j’ai fini par me concentrer sur certaines plateformes pour des questions d’ergonomie et/ou coûts.  

Avec la distribution de mon premier film, je passais beaucoup de temps sur Withoutabox. Aujourd’hui, je déconseille cette plateforme : 95% de leurs festivals sont américains, avec des frais d’inscription à 50-60 dollars (ils ont une culture de la distribution assez particulière…), leur filtre des festivals gratuits ne fonctionne pas, et ils sont relativement plus chers qu’ailleurs.  

Une très bonne découverte de cette année a été Festhome qui, malgré ses pages traduits avec Google Translate (donc très sommaire…) permet d’envoyer, avec un forfait de « 30 euros » pour 6 mois, d’envoyer son film à un grand nombre de festivals. Avec tous les festivals disponibles, on peut facilement écraser les coûts par copie. Seul bémol : une grande part des festivals sont hispanophones, et des sous-titres espagnols deviennent indispensables pour une bonne distribution.   Reelport reste aussi un bon complément aux autres plateformes, pour quelques festivals que je n’ai pas vu ailleurs.  

Coûts de distribution

J’ai brassé les différents coûts que j’ai noté sur les différentes plateformes, pour celles que j’utilise régulièrement :

Le mauvais point de Short Film Depot, c’est qu’il contraint à acheter des « timbres » par pack, à 1 euros le timbre. L’avantage est qu’il coûte relativement peu cher d’envoyer des films depuis la plateforme : un envoi coûte très souvent un seul timbre. Mention spéciale pour sa belle ergonomie, ça fait toujours plaisir quand on passe plusieurs heures sur un même site.

Festhome reste le plus compétitif avec sa nouvelle carte d’abonnement Vimeo, mais il faut parvenir à la rentabiliser (et donc faire des sous-titres en espagnol). Par exemple, avec la carte de 6 mois à 30 euros, j’ai envoyé le film à 40 festivals. Si on compte les 20 autres festivals auxquels j’ai postulé en payant 2 euros par envoi, on arrive à une moyenne de 1,10 € par envoi, ce qui est plus que correct.

Reelport reste un bon complément au niveau des coûts aussi, avec un prix basique de 2 euros l’envoi.

Enfin, l’envoi par courrier (Film Fest Platform, Withoutabox, le courrier) reste le plus cher, entre les frais de DVD, de l’enveloppe, du papier, de l’encre… Le budget relevé est ici estimatif, car envoyer à l’étranger peut faire grimper le coût.

Vous l’aurez compris, lorsque je fais un « point festival », je commence par les plateformes susceptibles de me coûter le moins cher.

Le fin mot

Pour conclure, que dire ? Je pense qu’il faut :

      1. Toujours mettre à jour sa feuille Excel, et s’y référer
      2. Tester quelques plateformes, faire son choix et avancer avec une quantité de plateformes assez réduites, autrement on passe plus de temps à remplir des fiches qu’à envoyer le film
      3. Bien réfléchir sur l’envoi en festivals payants. L’expérience m’a montré que l’on peut avoir une bonne diffusion, montrer son film en région parisienne et ailleurs, en se consacrant aux festivals gratuits. Personnellement, je ne vois pas trop l’intérêt de savoir que mon film sera projeté au Kansas, et d’avoir payé 60 dollars pour. Mon objectif est que mon film soit vu, en discuter.

Et vous ? Comment distribuez-vous votre film ? Quelles sont les plateformes que vous utilisez ?

© 2023 Hüseyin Aydin Gürsoy.